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[1649] MÉMOIRES

place au bout du bureau ; on le fit asseoir et couvrir. Il présenta la lettre de l’archiduc au parlement, qui n’étoit qu’une lettre de créance ; et il s’expliqua, en disant « que Son Altesse Impériale son maître lui avoit donné charge de faire part à la compagnie d’une négociation que le cardinal Mazarin avoit essayé de lier avec lui depuis le blocus de Paris ; que le roi Catholique n’avoit pas estimé qu’il fût sur ni honnête d’accepter ses offres dans une saison où, d’un côté, on voyoit bien qu’il ne les faisoit que pour pouvoir plus aisément opprimer le parlement, qui étoit en vénération à toutes les nations du monde ; et où, de l’autre, tous les traités que l’on pourroit faire avec un ministre condamné seroient nuls de droit, d’autant plus qu’ils seroient faits sans le concours du parlement, à qui seul il appartient d’enregistrer et de vérifier les traités de paix pour les rendre sûrs et authentiques ; que le roi Catholique, qui ne vouloit tirer aucun avantage des occasions présentes, avoit commandé à M. l’archiduc d’assurer messieurs du parlement, qu’il savoit être attachés aux véritables intérêts de Sa Majesté Très-Chrétienne, à qu’il les reconnoissoit de très-bon cœur pour arbitres de la paix ; qu’il se soumettoit à leur jugement, et que s’ils acceptoient d’en être les juges, il laissoit à leur choix de députer de leur corps en tel lieu qu’ils voudroient, sans en excepter même Paris ; et que le roi Catholique y enverroit incessamment ses députés, seulement pour y représenter ses raisons ; qu’il avoit fait avancer, en attendant leur réponse, dix-huit mille hommes sur la frontière pour les secourir, en cas qu’ils en eussent besoin, avec ordre