Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
notice

une somme de cent mille écus. Il la refusa, mais en observant qu’il n’éloignoit point du tout les vues pour l’avenir ; et il déclara que « s’il avoit besoin d’une protection, il n’en pourroit jamais trouver une si puissante et si glorieuse que celle de Sa Majesté Catholique, à laquelle il tiendroit toujours à gloire de recourir. » L’archiduc lui répondit que, sur un mot de sa main, il marcheroit con todas las fuerças del Rel el señor.

La foiblesse du gouvernement assura l’impunité du coadjuteur. Cependant le prince de Condé, dont la protection avoit puissamment contribué à maintenir Mazarin dans le ministère, abusa de son crédit, voulut être le maître absolu de la cour, et exerça sur la Reine même un despotisme dont elle ne tarda pas à être fatiguée. Ses prétentions étoient dans toute leur force, lorsque, au mois de décembre, le coadjuteur fut accusé d’avoir voulu le faire assassiner. Cette accusation étoit fausse, et rien n’étoit plus facile au prélat que de se justifier. Il dit, dans ses Mémoires, qu’il se décida sur-le-champ à braver l’orage ; mais Joly, qui lui étoit alors fort attaché, assure qu’il vouloit, ainsi que Beaufort son coaccusé, se réfugier à Peronne, où il espéroit être reçu par d’Hocquincourt ; et que Montrésor lui fit abandonner ce parti, qui l’auroit couvert de honte.

Il resta donc à Paris, parut avec hardiesse dans le parlement, et confondit ses accusateurs par un discours éloquent et énergique. Pendant que cette affaire se discutoit, et que les diverses factions y prenoient part avec une chaleur qui compromettoit chaque jour la tranquillité publique, le coadjuteur, pour