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[1649] MÉMOIRES

Roi entrèrent au dernier mot du discours de M. le prince de Conti, pour rendre compte de ce qu’ils avoient fait à Saint-Germain, où ils avoient été reçus admirablement bien. La Reine avoit extrêmement agréé les raisons pour lesquelles la compagnie avoit refusé l’entrée au héraut ; et elle avoit assuré les gens du Roi que, bien qu’en l’état où étoient les choses elle ne pût pas reconnoître les délibérations du parlement pour des arrêts donnés par une compagnie souveraine, elle ne laissoit pas de recevoir avec joie les assurances que la compagnie lui donnoit de son respect et de sa soumission, et que pour peu que le parlement donnât d’effet à ses assurances, elle lui donneroit toutes les marques de sa bonté, et en général et en particulier. Talon, avocat général, qui parloit toujours avec dignité et avec force, fit ce rapport avec tous les ornemens qu’il lui put donner ; et il conclut, par une assurance qu’il donna lui-même en termes fort pathétiques à la compagnie, que si elle vouloit faire une députation à Saint-Germain, elle y seroit très-bien reçue, et que ce pourroit être un grand acheminement à la paix. Le premier président lui ayant dit ensuite qu’il y avoit, à la porte de la grand’chambre, un envoyé de l’archiduc, Talon, qui étoit habile, en prit sujet de fortifier son opinion. Il marqua que la Providence faisoit naître, ce lui sembloit, cette occasion pour avoir plus de lieu de témoigner encore au Roi la fidélité du parlement, en ne donnant point d’audience à l’envoyé, et en rendant simplement compte à la Reine du respect que l’on conservoit pour elle en la refusant. Comme cette apparition d’un député d’Espagne dans le parlement de Paris fait une scène qui