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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

suisses et françaises, et deux mille chevaux. Nerlieu[1] cadet de Beauvau, bon officier, qui commandoit la cavalerie de Mazarin, étant venu à la charge, fut tué par les gardes de M. de Beaufort dans la porte de Vitry. Brionne, père de celui que vous connoissez, arracha l’épée à M. de Beaufort. Les ennemis plièrent, leur infanterie même s’étonna ; et il est constant que les piques des bataillons commençoient à se toucher et à faire un cliquetis, qui est toujours marque de confusion, quand le maréchal de La Mothe fit faire halte. Il ne voulut pas exposer le convoi, qui commencoit à paroître, à l’incertitude d’un combat. Le maréchal de Gramont se retira, et le convoi entra dans Paris, accompagné, je crois, de plus de cent mille hommes, qui étoient sortis au bruit qui avoit couru que M. de Beaufort étoit engagé.

Le 11, Brillac, conseiller des enquêtes, homme de réputation dans le parlement, dit en pleine assemblée des chambres qu’il falloit penser à la paix ; que les bourgeois se lassoient de fournir à la subsistance des troupes ; que tout retomberoit à la fin sur la compagnie ; qu’il savoit de science certaine que la proposition d’un accommodement seroit très-agréée à la cour. Aubry, président de la chambre des comptes, avoit parlé la veille de même sens dans le conseil de l’hôtel-de-ville.; et vous allez voir que l’on se servoit à Saint-Germain, de la crédulité de ces deux hommes, dont le premier n’avoit de capacité que pour le Palais, et l’autre n’en avoit pour rien ; vous allez voir, dis-je, que l’on s’en servoit à Saint-Germain pour couvrir une entreprise que l’on avoit formée sur Paris. Le par-

  1. Nerlieu : Charles de Beauvau, seigneur de Nerlieu.