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[1649] MÉMOIRES

poster trop avantageusement. M. le prince de Conti se laissa aller au plus grand bruit, comme tous les hommes foibles ont accoutumé de faire. On manda à Clanleu de tenir, et on lui promit d’être à lui à la pointe du jour : mais on ne lui tint pas parole. Il fallut un temps infini pour faire sortir des troupes hors de Paris. On ne fut en bataille sur la hauteur de Fescamp qu’à sept heures du matin, quoiqu’on eût commencé à défiler dès les onze heures du soir. M. le prince attaqua Charenton à la pointe du jour : il l’emporta après y avoir perdu M. de Châtillon, qui étoit lieutenant général dans son armée. Clanleu se fit tuer, ayant refusé quartier. Nous y perdîmes quatre-vingts officiers ; il n’y en eut que douze ou quinze de tués de l’armée de M. le prince. Comme la nôtre commencoit à marcher, elle vit la sienne sur deux lignes de l’autre côté de la hauteur : aucun des partis ne se pouvoit attaquer, parce qu’aucun ne se vouloit exposer à l’autre à la descente du vallon. On se regarda et on s’escarmoucha tout le jour. Noirmoutier, à la faveur de ces escarmouches, détacha mille chevaux sans que M. le prince s’en aperçût, et il alla du côté d’Etampes pour escorter un grand convoi de toutes sortes de bétail qui s’y étoit assemblé. Il est à remarquer que toutes les provinces accouroient à Paris, parce que l’argent y étoit en abondance, et que tous les peuples étoient presque également passionnés pour sa défense.

Le 10, M. de Beaufort et M. de La Mothe sortirent pour favoriser le retour de Noirmoutier, et ils trouvèrent le maréchal de Gramont dans la plaine de Villejuif, qui avoit deux mille hommes de pied des gardes