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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

d’hui, se jeta dans Montreuil dont il étoit gouverneur, et prit le parti du parlement, Reims, Tours et Poitiers prirent les armes en sa faveur. Le duc de La Trémouille[1] fit publiquement des levées pour lui : le duc de Retz lui offrit ses services, et Belle-Ile. Le Mans chassa son évêque[2] et toute la maison de Lavardin, qui étoit attachée à la cour ; et Bordeaux n’attendoit pour se déclarer que les lettres que le parlement de Paris avoit écrites à toutes les compagnies souveraines et à toutes les villes du royaume, pour les exhorter à s’unir avec lui contre l’ennemi commun. Ces lettres furent interceptées du côté de Guienne.

La troisième remarque est que durant le cours de ces trois mois de blocus, pendant lesquels le parlement s’assembloit règlement tous les matins, et quelquefois même les après-dînées, l’on n’y traita, au moins pour l’ordinaire, que de matières si légères et si frivoles, qu’elles eussent pu être terminées par deux commissaires en un quart-d’heure à chaque matin. Les plus ordinaires étoient les avis que l’on recevoit à tous les instans, des meubles ou de l’argent que l’on prétendoit être cachés chez les partisans et chez les gens de la cour. De mille, il ne s’y en trouva pas dix de fondés ; et cet entêtement, joint à l’acharnement que l’on avoit à ne se point départir des formes en des affaires qui y étoient directement opposées, me fit connoître de très-bonne heure que les compagnies, qui sont établies pour le repos, ne peuvent jamais

  1. Henri de La Trémouille, duc de Thouars, mort en 1674. (A. E.)
  2. Philibert-Emmanuel de Beaumanois de Lavardin, mort en 1671. (A. E.)