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[1649] MÉMOIRES

jusqu’au lendemain, et on lui fit comprendre après l’importance de la chose. On échangea mon cornette, et ainsi le cartel s’établit insensiblement.

Je ne m’étendrai pas à vous rendre compte du détail de ce qui se passa dans le siège de Paris, qui commença le 9 de janvier 1649 et qui fut levé le premier avril de la même année. Je me contenterai de vous en dater seulement les jours les plus considérables. Mais, avant que de descendre à ce particulier, je crois qu’il est à propos de faire deux ou trois remarques qui méritent de la réflexion.

La première est qu’il n’y eut jamais ombre de mouvement dans la ville, quoique tous les passages des rivières fussent fermés et occupés par les ennemis, et que leurs partis courussent continuellement du côté de la terre. On peut dire même que l’on ne reçut aucune incommodité ; et l’on doit ajouter qu’il ne parut pas que l’on y eût eu seulement peur, que le 23 de janvier, le 9 et le 10 de mars, où l’on vit dans les marchés une petite étincelle d’émotion, plutôt causée par la malice et par l’intérêt des boulangers, que par le manquement de pain.

La seconde est qu’aussitôt que Paris se fut déclaré, tout le royaume s’ébranla. Le parlement d’Aix, qui arrêta le comte d’Alais, gouverneur de Provence, s’unit à celui de Paris. Celui de Rouen, où M. de Longueville étoit allé dès le 20 janvier, fit la même chose. Celui de Toulouse fut sur le penchant, et ne fut retenu que par la nouvelle de la conférence de Ruel, dont je vous parlerai dans la suite. Le prince d’Harcourt[1], qui est M. le duc d’Elbœuf d’aujour-

  1. Charles de Lorraine, troisième du nom, mort en 1692. (A. E.)