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[1649] MÉMOIRES

meté, et il en étoit sorti avec courage. Ce lui étoit même un mérite de n’avoir pas quitté les bords de la Loire, dans un temps où il est vrai qu’il falloit et de l’adresse et de la fermeté pour s’y tenir. Il n’est pas difficile de faire valoir, dans les commencemens d’une guerre civile, le mérite de tous ceux qui font mal à la cour. C’en est un grand que de n’y être pas bien. Comme il y avoit déjà quelque temps qu’il m’avoit fait assurer par Montrésor qu’il seroit très-aise de prendre liaison avec moi, et que je prévoyois bien l’usage auquel je le pourrois mettre, j’avois jeté par intervalle et sans affectation dans l’esprit du peuple des bruits avantageux pour lui. J’avois orné de mille et mille couleurs une entreprise que le cardinal avoit fait faire sur lui par Du Hamel. Montrésor, qui l’informoit avec exactitude des obligations qu’il m’avoit, avoit mis toutes les dispositions nécessaires pour une grande union entre nous. Vous croyez aisément qu’elle ne lui étoit pas désavantageuse en l’état où j’étois dans le parti ; et elle m’étoit comme nécessaire, parce que ma profession pouvant m’embarrasser en mille rencontres, j’avois besoin d’un homme que je pusse dans les conjonctures mettre devant moi. Le maréchal de La Mothe étoit si dépendant de M. de Longueville, que je ne m’en pouvois pas répondre. M. de Bouillon n’étoit pas un sujet à être gouverné. Il me falloit un fantôme, mais il ne me falloit qu’un fantôme ; et par bonheur pour moi il se trouva que ce fantôme étoit petit-fils de Henri-le-Grand ; qu’il parla comme on parle aux Halles (ce qui n’est pas ordinaire aux enfans de Henri-le-Grand), et qu’il eut de grands cheveux bien longs et bien blonds. Vous ne pouvez