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imagination m’avoit jamais fourni de plus éclatant, et de plus proportionné aux vastes desseins ; je permis à mes sens de se laisser chatouiller par le titre de chef de parti, que j’avois toujours honoré dans les Vies de Plutarque. Mais ce qui acheva d’étouffer tous mes scrupules fut l’avantage que je m’imaginai à me distinguer de ceux de ma profession, par un état de vie qui les confond toutes. Le dérèglement des mœurs, très-peu convenable à la mienne, me faisoit peur : je me soutenois par la Sorbonne, par des sermons, par la faveur des peuples ; mais enfin cet appui n’a qu’un temps, et ce temps même n’est pas fort long, par mille accidens qui peuvent arriver dans le désordre. Les affaires brouillent les espèces, elles honorent même ce qu’elles ne justifient pas ; et les vices d’un archevêque peuvent être, dans une infinité de rencontres, les vertus d’un chef de parti. » Ainsi le coadjuteur n’excitoit le désordre que pour répandre de l’éclat sur des vices dont il auroit dû rougir ; et parce qu’il avoit de mauvaises mœurs, il falloit que l’État fût plongé dans les plus affreuses calamités.

Il n’eut besoin que de quelques heures pour donner à ses partisans les ordres nécessaires ; et le lendemain, dès la pointe du jour, on vit éclater une sédition beaucoup plus terrible que celle de la veille. Le chancelier Seguier fut sur le point d’être massacré, et la Reine se trouva obligée de souscrire à toutes les volontés du peuple. Cependant le parlement, à la léte duquel étoit Matthieu Molé, fidèle au Roi, entama des négociations avec le ministre ; et un arrangement peu solide fut conclu le 4 octobre. Pendant ces négociations, le