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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

que l’exécution n’en tint qu’à l’opiniâtreté du ministre, qui ne voulut pas agréer une proposition qui m’avoit été suggérée par Launai-Gravai, et qui, de l’agrément même du parlement, eût suppléé, au moins pour beaucoup, aux retranchemens faits par cette compagnie. Cette proposition, dont le détail seroit trop long et trop ennuyeux, fut agitée chez Viole, où se trouvèrent Le Coigneux et beaucoup d’autres gens du parlement. Elle fut approuvée ; et si le ministre eût été sage pour la recevoir de bonne foi, je suis persuadé que l’État eût soutenu la dépense nécessaire, et qu’il n’y auroit point eu de guerre civile.

Quand je vis que la cour ne vouloit même son bien qu’à sa mode, qui n’étoit jamais bonne, je ne songeai plus qu’à lui faire du mal, et ce ne fut que dans ce moment que je pris l’entière et ferme résolution d’attaquer personnellement le Mazarin ; parce que je crus que ne pouvant l’empêcher de nous attaquer, nous ferions sagement de l’attaquer nous-mêmes par des préalables qui donneroient dans le public un mauvais air à son attaque.

On peut dire avec fondement que les ennemis de ce ministre avoient un avantage contre lui très-rare, et que l’on n’a presque jamais contre les gens qui sont dans sa place. Leur pouvoir fait pour l’ordinaire qu’ils ne sont point susceptibles de la teinture du ridicule ; mais elle prévaloit sur le cardinal, parce qu’il disoit des sottises : ce qui n’est pas même ordinaire à ceux qui en font dans ces sortes de postes. Je lui attachai Marigny[1], qui revenoit tout à propos de Suède, et

  1. Marigny : Jean Carpentier. Il suivit ensuite le prince de Condé, lorsque ce dernier passa au service de l’Espagne. Guy-Patin lui attribue