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[1649] MÉMOIRES

que plus de quatre ans encore après il ne se doutoit de quoi que ce soit.

Comme M. de La Rochefoucauld n’avoit pas eu trop bon bruit dans l’affaire des importans, dans laquelle on l’avoit accusé de s’être raccommodé avec la cour à leurs dépens (ce que j’ai su depuis de science certaine n’être pas vrai), je n’étois pas trop content de le trouver en cette société. Il fallut pourtant s’en accommoder. Nous prîmes toutes nos mesures. M. le prince de Conti, madame de Longueville, monsieur son mari, M. le maréchal de La Mothe, s’engagèrent de demeurera Paris, ou de se déclarer, si on l’attaquoit. Broussel, Longueil et Viole promirent tout au nom du parlement, qui n’en savoit rien. M. de Retz fit les allées et les venues entre eux et madame de Longueville, qui prenoit les eaux à Noisy avec M. le prince de Conti. Il n’y eut que M. de Bouillon qui ne voulut être nommé à personne sans exception : il s’engagea uniquement avec moi. Je le voyois assez souvent la nuit, et madame de Bouillon y étoit toujours présente. Si cette femme eût eu autant de sincérité que d’esprit, de beauté, de douceur et de vertu, elle eût été une merveille accomplie. J’en fus très-piqué, mais je n’y trouvai pas la moindre ouverture : et comme la piqûre ne me fit pas mal fort long-temps, je crois que j’eusse parlé plus proprement si j’eusse dit que je crus en être piqué.

Après que j’eus préparé assez à mon gré la défensive, je pris la pensée de faire, s’il étoit possible, en sorte que la cour ne portât pas les affaires à l’extrémité. Vous concevez facilement l’utilité de ce dessein, et vous en avouerez la possibilité, quand je vous dirai