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[1649] MÉMOIRES

que je les réunis ensuite, pour ainsi dire, en la personne de M. le prince de Conti, prince du sang, qui par sa qualité concilioit et rapprochoit tout ce qui paroissoit le plus éloigné à l’égard des uns et des autres.

Dès que j’eus ouvert à madame de Longueville le moindre jour du poste qu’elle pouvoit tenir en l’état où les affaires alloient tomber, elle y entra avec des emportemens de joie que je ne puis vous exprimer. Je ménageai avec soin ces dispositions ; j’échauffai M. de Longueville et par moi-même et par Varicarville, qui étoit son pensionnaire, et auquel il avoit avec raison une parfaite confiance. Je me résolus de ne lier aucun commerce avec l’Espagne, et d’attendre que les occasions, que je jugeois bien n’être que trop proches, donnassent lieu à une conjoncture où celui que nous y prendrions infailliblement parût plutôt venir des autres que de moi. Ce parti, quoique fortement contredit par Saint-Ibal et par Montrésor, fut le plus judicieux ; et vous verrez par les suites que je jugeai sainement, en jugeant qu’il n’y avoit plus lieu de précipiter ce remède, qui est doublement dangereux, et qui, quand il est le premier appliqué, a toujours besoin de lénitifs qui y préparent[1].

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Pour ce qui regarde madame de Longueville, la petite vérole lui avoit ôté la première fleur de sa beauté, mais elle lui en avoit laissé presque tout l’éclat ; et cet éclat, joint à sa qualité, à son esprit et à sa langueur, qui avoit en elle un charme particulier,

  1. Il y a ici six lignes effacés. (A. E.)