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[1648] MÉMOIRES

et par beaucoup d’autres circonstances. Le parlement prit à son retour toutes les bagatelles qui sentoient le moins du monde l’inexécution de la déclaration, avec la même rigueur et les mêmes formalités qu’il auroit traité à un défaut ou à une forclusion. M. le duc d’Orléans vit tout le bien qu’il pouvoit faire, et une partie du mal qu’il pouvoit empêcher ; mais comme l’endroit par lequel il fut touché de l’un et de l’autre ne fut pas celui de la peur, qui étoit sa passion dominante, il ne sentit pas assez le coup pour en être ému. M. le prince connut le mal dans toute son étendue ; mais comme son courage étoit sa vertu la plus naturelle, il ne le craignit pas assez : il voulut le bien, mais il ne le voulut qu’à sa mode : son âge, son humeur et ses victoires ne lui permirent point de joindre la patience à l’activité ; et il ne conçut pas d’assez bonne heure cette maxime si nécessaire aux princes, de ne considérer les petits incidens que comme des victimes que l’on doit toujours sacrifier aux grandes affaires. Le cardinal, qui ne connoissoit en aucune façon nos manières, confondoit journellement les plus importantes avec les plus légères ; et dès le lendemain que la déclaration fut publiée (cette déclaration qui passoit dans la chaleur des esprits pour une loi fondamentale de l’État) ; dès le lendemain, dis-je, qu’elle fut publiée, elle fut entamée et altérée sur des articles de rien, que le cardinal devoit même observer avec ostentation, pour colorer les contraventions qu’il pouvoit être obligé de faire aux plus considérables. Ce qui lui arriva de cette conduite fut que le parlement, aussitôt après son ouverture, recommença à s’assembler, et que la chambre des comptes et la