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DU CARDINAL DE RETZ. [1648]

des troupes, avec lesquelles elle avoit dessein d’insulter ou d’affamer la ville (il est certain qu’elle pensa à l’un et à l’autre), elle ne ménagea pas beaucoup le parlement à l’égard du dernier arrêt dont je vous ai parlé ci-dessus, par lequel elle étoit suppliée de ramener le Roi à Paris. Elle répondit, aux députés qui étoient allés faire les remontrances, qu’elle en étoit fort surprise et fort étonnée ; que le Roi avoit accoutumé tous les ans à cette saison de prendre l’air, et que sa santé lui étoit plus chère qu’une vaine frayeur du peuple. M. le prince, qui arriva justement dans ce moment, et qui ne donna pas dans la pensée que l’on avoit à la cour d’attaquer Paris, crut qu’il la falloit au moins satisfaite par les autres marques qu’il pouvoit donner à la Reine de l’attachement à ses volontés. Il dit au président et aux deux conseillers qui l’invitoient à venir prendre sa place, selon la teneur de l’arrêt, qu’il ne s’y trouveroit pas, et qu’il obéiroit à la Reine, en dût-il périr. L’impétuosité de son humeur l’emporta dans la chaleur du discours plus loin qu’il n’eût été par réflexion, comme vous le jugez aisément par ce que je viens de vous dire de la disposition où il étoit, même avant que je lui eusse parlé. M. le duc d’Orléans répondit qu’il n’iroit point, et que l’on avoit fait dans la compagnie des propositions trop hardies et insoutenables. M. le prince de Conti parla du même sens.

Le lendemain les gens du Roi apportèrent au parlement un arrêt du conseil, qui portoit cassation de celui du parlement, et défenses de délibérer sur la proposition de 1617 contre le ministère des étrangers. La compagnie opina avec une chaleur inconcevable,