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délivrer, sans blesser les convenances. Il faisoit répandre en outre qu’il étoit menacé par quelque coup d’État, mais qu’il se bornoit à rester sur la défensive. Au milieu de cette inaction apparente, ses nombreux émissaires entretenoient partout des intelligences ; et ses mesures étoient si bien prises, qu’en peu d’heures il pouvoit se flatter d’être le maître de la capitale.

Le coadjuteur étoit dans cette position, lorsqu’on apprit que le prince de Condé avoit remporté le 20 août, près de Lens, une grande victoire sur les Espagnols. Cet événement effraya les mécontens, qui pensèrent que Mazarin en profiteroit pour venger les attentats portés à l’autorité royale. Mais leurs inquiétudes se calmèrent, quand ils virent que la cour sembloit au contraire préparer des mesures de conciliation. Le coadjuteur, qui avoit partagé leurs craintes, résolut de monter en chaire le 25 août, et de prêcher devant le Roi et sa mère le panégyrique de saint Louis. Cette solennité eut lieu dans l’église des Jésuites de la rue Saint-Antoine : l’affluence fut immense ; et l’orateur trouva le moyen d’entretenir son auditoire des objets qui occupoient tous les esprits, sans cependant se permettre aucune application directe contre le cardinal Mazarin.

Les ennemis de ce ministre soutenoient que, dans les conférences de Munster, il avoit donné aux plénipotentiaires français des instructions qui rendoient impossible la paix avec l’Espagne. Ils l’accusoient d’entretenir la guerre pour se maintenir dans le pouvoir, et ils lui imputoient tous les désastres que cette guerre entraînoit. Le coadjuteur, en parlant de la victoire de Lens, insiste donc pour que la paix soit