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MÉMOIRES

marquer qu’il ne songeoit qu’au public ; et il donna enfin un arrêt par lequel il fut dit que la compagnie demeureroit assemblée, et que très-humbles remontrances seroient faites au Roi, pour lui demander la cassation des arrêts du conseil.

Les gens du Roi demandèrent audience à la Reine pour le parlement dès le soir même. Elle les manda le lendemain par une lettre de cachet. Le premier président parla avec une grande force : il exagéra la nécessité de ne point ébranler le milieu qui est entre les peuples et les rois. Il justifia par des exemples illustres et fameux la possession où les compagnies avoient été depuis si long-temps et de s’unir et de s’assembler. Il se plaignit hautement de la cassation de l’arrêt d’union, et il conclut, par une instance très-ferme et très-vigoureuse, à ce que les ordres contraires donnés par le conseil d’en haut fussent supprimés.

La cour, beaucoup plus émue par la disposition des peuples que par les remontrances du parlement, plia tout d’un coup, et fit dire par les gens du Roi, à la compagnie, que le Roi lui permettoit d’exécuter l’arrêt d’union, de s’assembler, de travailler avec les autres compagnies à ce qu’elles jugeroient à propos pour le bien de l’État.

Jugez de l’abattement du cabinet ! Mais vous n’en jugerez pas assurément comme le vulgaire, qui crut que la foiblesse du cardinal Mazarin en cette occasion donnoit le dernier coup à l’autorité royale. Il ne pouvoit en cette rencontre faire que ce qu’il fit : mais il est juste de rejeter sur son imprudence ce que nous n’attribuons pas à sa foiblesse, et il est inexcusable de n’avoir pas prévu et prévenu les conjonctures dans