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DU CARDINAL DE RETZ.

quels un de ces édits vérifiés en la présence du Roi avoit donné douze collègues, s’assemblent dans le lieu où ils tiennent la justice, que l’on appelle des requêtes du Palais, et prennent une résolution très-ferme de ne pas souffrir cette création nouvelle. La Reine les mande, les appelle de belles gens pour s’opposer à la volonté du Roi ; elle les interdit des conseils. Ils s’animent au lieu de s’étonner ; ils entrent dans la grand’chambre, et ils demandent qu’ils soient reçus opposans à l’édit de création de leurs confrères. On leur donna acte de leur opposition.

Les chambres s’assemblent le même jour pour examiner les édits que le Roi avoit fait vérifier en sa présence. La Reine commanda à la compagnie de l’aller trouver par députés au Palais-Royal, et elle leur témoigna être surprise de ce qu’ils prétendoient toucher à ce que la présence du Roi avoit consacré : ce furent les propres paroles du chancelier. Le premier président répondit que telle étoit la pratique du parlement, et il en allégua les raisons tirées de la nécessité de la liberté des suffrages. La Reine témoigna être satisfaite des exemples qu’on lui apporta ; mais comme elle vit, quelques jours après, que les délibérations alloient à mettre des modifications aux édits qui les rendoient presque infructueux, elle défendit, par la bouche des gens du Roi au parlement, de continuer à prendre connoissance des édits jusqu’à ce qu’il eût déclaré en forme s’il prétendoit donner des bornes à l’autorité royale. Ceux qui étoient pour l’intérêt de la cour dans la compagnie se servirent adroitement de l’embarras où elle se trouva pour répondre à cette question ; ils s’en servirent, dis-je, adroitement pour