Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
MÉMOIRES

côté ; et qu’au lieu que dans l’abord il ne trouvoit point de satisfaction assez grande pour Monsieur, il décida nettement en faveur de celle que j’avois toujours offerte, qui étoit d’aller lui dire, en présence de toute la cour, que je n’avois jamais prétendu manquer au respect que je lui devois ; et que ce qui m’avoit obligé de faire ce que j’avois fait à Notre-Dame étoit l’ordre de l’Église, duquel je lui venois rendre compte. La chose fut ainsi exécutée, quoique M. le cardinal et l’abbé de La Rivière en enrageassent du meilleur de leur cœur. Mais M. le prince leur fit une telle frayeur de M. le duc, qu’il fallut plier. Il me mena chez Monsieur, où toute la cour se trouva par curiosité. Je ne lui dis précisément que ce que je viens de vous marquer. Il trouva mes raisons admirables, il me mena voir ses médailles ; et ainsi finit l’histoire, dont le fond étoit très-bon, mais qu’il ne tint pas à moi de gâter par mes manières.

Comme cette affaire et le mariage de la reine de Pologne m’avoient fort brouillé à la cour, vous pouvez bien vous imaginer le tour que les courtisans y voulurent donner ; mais j’éprouvai en cette occasion que toutes les puissances ne peuvent rien contre un homme qui conserve sa réputation dans son corps. Tout ce qu’il y eut de savans dans le clergé se déclara pour moi ; et, au bout de six semaines, je m’aperçus même que la plupart de ceux qui m’avoient blâmé croyoient ne m’avoir que plaint. J’ai fait cette observation en mille autres rencontres.

Je forçai même la cour à se louer de moi quelque temps après. Comme la fin de l’assemblée du clergé approchoit, et que l’on étoit sur le point de délibérer