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MÉMOIRES

mit celui de Monsieur. On m’en avertit aussitôt : et comme la moindre ombre de compétence avec un fils de France a un grand air de ridicule, je répondis, et même assez aigrement, à ceux du chapitre qui m’y vouloient faire faire réflexion. Le théologal, qui étoit homme de doctrine et de sens, me tira à part ; il m’apprit là-dessus un détail que je ne savois pas : il me fit voir la conséquence qu’il y avoit à séparer, pour quelque cause que ce pût être, le coadjuteur de l’archevêque. Il me fit honte, et j’attendis Monsieur à la porte de l’église, où je lui représentai ce que, pour vous dire vrai, je ne venois que d’apprendre. Il le reçut fort bien : il commanda que l’on ôtât son drap de pied ; il fit mettre le mien ; on me donna l’encens avant lui et comme vêpres furent finies, je me moquai de moi-même avec lui, et je lui dis ces propres paroles : « Je serois honteux, monsieur, de ce qui se vient de faire, si l’on ne m’avoit assuré que le dernier frère des Carmes qui adora avant-hier la croix avant Votre Altesse Royale le fit sans aucune peine. » Je savois que Monsieur avoit été aux Carmes à l’office du vendredi saint, et il n’ignoroit pas que tous ceux du clergé vont à l’adoration les premiers. Ce mot plut à Monsieur, et il le redit le soir au cercle, comme une politesse.

Il alla le lendemain à Petit-Bourg chercher La Rivière, qui lui tourna la tête, et qui lui fit croire que je lui avois fait un outrage public : de sorte que le jour même qu’il en revint, il demanda tout haut à M. le maréchal d’Estrées, qui avoit passé les fêtes à Cœuvres, si son curé lui avoit disputé la préséance. Vous voyez l’air qui fut donné à la conversation. Les cour-