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MÉMOIRES

avoit cru qu’il signifioit insolite. Il me fit toutes les honnêtetés imaginables ; mais il ne conclut rien, et il nous remit à un petit voyage qu’il croyoit faire au premier jour à Paris. Nous y revînmes pour y attendre ses ordres. Quatre ou cinq jours après, Sainctot, lieutenant des cérémonies, entra chez moi à minuit, et il me présenta une lettre de M. l’archevêque, qui m’ordonnoit de ne point m’opposer en rien aux prétentions de M. l’évêque de Warmie, et de lui laisser faire la cérémonie du mariage.

Si j’eusse été bien sage, je me serois contenté de ce que j’avois fait jusque-là, parce qu’il est toujours judicieux de prendre toutes les issues que l’honneur permet, pour sortir des affaires que l’on a avec la cour. Mais j’étois jeune, et j’étois des plus en colère, parce que je voyois que l’on m’avoit joué à Fontainebleau, comme il étoit vrai ; et que l’on ne m’avoit bien traité en apparence que pour se donner le temps de dépêcher à Angers un courrier à mon oncle. Je ne fis toutefois rien connoître de ma disposition à Sainctot : au contraire, je lui témoignai de la joie de ce que M. de Paris m’avoit tiré d’embarras.

J’envoyai quérir, un quart-d’heure après, les principaux du chapitre, qui étoient tous dans ma disposition. Je leur expliquai mes intentions et Sainctot, qui, le lendemain au matin, les fit assembler pour leur donner aussi, selon la coutume, leur lettre de cachet, s’en retourna à la cour avec cette réponse : Que M. l’archevêque pouvoit disposer comme il lui plairoit de la nef ; mais que comme le chœur étoit au chapitre, il ne le céderoit jamais qu’à son archevêque ou à son coadjuteur. Le cardinal entendit bien ce jar-