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MÉMOIRES

m’emportai toutefois nullement, je ne sortis point du respect ; et comme je vis que ma soumission ne gagnoit rien sur son esprit, je pris le parti d’aller trouver M. d’Arles, sage et modéré, et de le prier de vouloir bien se joindre à moi pour faire entendre ensemble nos raisons à M. le cardinal. Nous y allâmes, nous lui parlâmes ; et nous conclûmes, en revenant de chez lui, qu’il étoit l’homme du monde le moins entendu dans les affaires du clergé. Je ne me souviens pas précisément de la manière dont cette affaire s’accommoda : je crois de plus que vous n’en avez pas grande curiosité, et je ne vous en ai parlé un peu au long que pour vous faire connoître que je n’ai eu aucun tort dans le premier démêlé que j’ai eu avec la cour, et que le respect que j’eus pour M. le cardinal Mazarin, à la considération de la Reine, alla jusqu’à la patience.

J’en eus encore plus de besoin trois ou quatre mois après, dans une occasion que son ignorance lui fournit d’abord, mais que sa malice envenima. L’évêque de Warmie, l’un des ambassadeurs qui venoient quérir la reine de Pologne[1], prit en gré de vouloir faire la cérémonie du mariage dans Notre-Dame. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que les évêques et archevêques de Paris n’ont jamais cédé ces sortes de fonctions dans leurs églises qu’aux cardinaux de la maison royale ; et que mon oncle avoit été blâmé au dernier point de tout son clergé, parce qu’il avoit souffert

  1. La reine de Pologne : Marie de Gonzague, l’une des filles du duc de Mantoue. Elle étoit demandé par Ladislas IV, roi de Pologne. Le mariage fut célébré dans la chapelle du Palais-Royal, le 6 novembre 1645.