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DU CARDINAL DE RETZ.

furent justifiés ; tous ceux qui avoient perdu des charges y rentrèrent : on donnoit tout, on ne refusoit rien ; et madame de Beauvais entre autres eut permission de bâtir dans la place Royale. Je ne me souviens plus du nom de celui à qui on expédia un brevet pour un impôt sur les messes.

La facilité des particuliers paroissoit pleinement assurée par le bonheur public : l’union très-parfaite de la maison royale fixoit le repos en dedans. La bataille de Rocroy avoit anéanti pour des siècles la vigueur de l’infanterie d’Espagne ; la cavalerie de l’Empire ne tenoit pas devant les Weymariens. L’on voyoit sur les degrés du trône, d’où l’âpre et redoutable Richelieu avoit foudroyé plutôt que gouverné les humains[1], un successeur doux et bénin, qui ne vouloit rien, qui étoit au désespoir de ce que sa dignité de cardinal ne lui permettoit pas de s’humilier autant qu’il l’eût souhaité devant tout le monde qui marchoit dans les rues avec deux petits laquais derrière son carrosse. N’ai-je pas eu raison de vous dire qu’il ne seyoit pas à un honnête homme d’être mal avec la cour en ce temps-là ? Et n’eus-je pas encore raison de conseiller à Nangis de ne s’y pas brouiller, quoique, nonobstant le service qu’il avoit rendu à Saint-Germain, il fût le premier homme à qui l’on eût refusé une gratification de rien qu’il demanda ? Je la lui fis obtenir. Vous ne serez pas surprise de ce qu’on le fut de la prison de M. de Beaufort, dans une cour où l’on venoit de les ouvrir à tout le monde sans exception :

  1. Jules Mazarin, cardinal, ministre d’État, mort à Vincennes en 1661. (A. E.)