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DU CARDINAL DE RETZ.

tées à M. le cardinal Mazarin par Goulas, à ce que lui-même m’a dit depuis, lui plurent ; il les dit à la Reine le jour que M. de Beaufort fut arrêté. Cette prison[1] fit beaucoup d’éclat, mais elle n’eut pas celui qu’elle devoit produire. Et comme elle fut le commencement de l’établissement du ministre que vous verrez dans toute la suite de cette histoire jouer le plus considérable rôle de la comédie, il est nécessaire, à mon sens, de vous en parler un peu plus en détail.

Vous avez vu ci-dessus que le parti formé dans la cour par M. de Beaufort n’étoit composé que par quatre ou cinq mélancoliques, qui avoient la mine de penser creux. Cette mine ou fit peur à M. le cardinal Mazarin, ou lui donna lieu de feindre qu’il avoit peur. Il y a eu des raisons de douter de part et d’autre. Ce qui est certain, c’est que La Rivière, qui avoit déjà beaucoup de pouvoir sur l’esprit de Monsieur, essaya de la donner au ministre par toutes sortes d’avis, pour l’obliger de le défaire de Montrésor, qui étoit sa bête ; et que M. le prince n’oublia rien aussi pour la lui faire prendre, par l’appréhension qu’il avoit que M. le duc, qui est M. le prince d’aujourd’hui, ne se commît par quelque combat avec M. de Beaufort, comme il avoit été sur le point de le faire dans le démêlé de mesdames de Longueville et de Montbazon. Le palais d’Orléans et l’hôtel de Condé étant unis ensemble par ces intérêts, tournèrent en moins de rien en ridicule la morgue qui avoit donné aux amis de M. de Beaufort

  1. Cette prison : Le duc de Beaufort fut arrêté le 2 septembre 1643, et renfermé dans le château de Vincennes, d’où il s’échappa le 31 mai 1648.