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MÉMOIRES

voit offensé la première qu’en contrefaisant ou montrant cinq de ses lettres, que l’on prétendoit qu’elle avoit écrites à Coligny[1]. M. de Beaufort, pour soutenir ce qu’il faisoit contre la Régente, contre le ministre et contre tous les princes du sang, forma une cabale de gens qui sont tous morts fous, et qui dès ce temps-là ne me paroissoient guère sages : tels que Beaupré, Fontrailles, Fiesque[2]. Montrésor, qui avoit la mine de Caton, mais qui n’en avoit pas le jeu, s’y joignit avec Béthune. Le premier étoit mon proche parent, et le second étoit assez de mes amis. Ils obligèrent M. de Beaufort à me faire beaucoup d’avances, et je les reçus avec beaucoup de respect ; mais je n’entrai en rien. Je m’en expliquai même à Montrésor, en lui disant que je devois la coadjutorerie de Paris à la Reine, et que la grâce étoit assez considérable pour m’empêcher de prendre aucune liaison qui pût ne lui être pas agréable. Montrésor m’ayant répondu que je n’en avois nulle obligation à la Reine, puisqu’elle n’avoit fait en cela que ce qui lui avoit été ordonné publiquement par le feu Roi, et que d’ailleurs la grâce m’avoit été faite dans un temps où la Reine ne donnoit rien, à force de ne rien refuser, je lui dis ces propres mots : « Vous me permettrez d’oublier tout ce qui pourroit diminuer ma reconnoissance, et de ne me ressouvenir que de ce qui la peut augmenter. » Ces paroles, qui furent rappor-

    de Bretagne, comte de Vertus, et de Catherine Fouquet de La Varenne : elle est morte en 1657. (A. E.)

  1. Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, mort d’une blessure qu’il reçut à Charenton durant les guerres civiles, le 9 février 1649, à l’âge de vingt-neuf ans. (A. E.)
  2. Charles-Léon, comte de Fiesque. (A. E.)