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MÉMOIRES

ermites et faux-monnoyeurs, qui avoient eu quelque communication secrète avec M. de Vendôme[1], peut-être touchant leur second métier, et qui n’étoient point satisfaits de lui, l’accusèrent très-faussement de leur avoir proposé de tuer M. le cardinal ; et pour donner plus de croyance à leurs dépositions, ils nommèrent tous ceux qu’ils crurent notés en ce pays-là. Montrésor et M. Barillon furent du nombre. Je le sus des premiers par Bergeron, commis de M. de Noyers[2] ; et comme j’aimois extrêmement le président Barillon, je pris la poste le soir même pour l’aller avertir et le tirer d’Amboise : ce qui étoit très-faisable. Comme il étoit tout-à-fait innocent, il ne voulut pas seulement écouter la proposition que je lui en fis, et il demeura dans Amboise, méprisant et les accusateurs et l’accusation. M. le cardinal dit à M. de Lizieux, à propos de ce voyage, que j’étois ami de tous ses ennemis, et M. de Lizieux lui répondit : « Il est vrai, et vous l’en devez estimer ; vous n’avez nul sujet de vous en plaindre. J’ai observé que ceux dont vous entendiez parler étoient tous ses amis avant que d’être vos ennemis. — Si cela est vrai, dit M. le cardinal, l’on a tort de me faire les contes que l’on m’en fait. » M. de Lizieux me rendit en cela tous les bons offices imaginables, et tels qu’il me dit le lendemain, et qu’il me l’a dit encore plusieurs fois depuis, que si M. le cardinal eût vécu, il m’eût rétabli infailliblement dans son esprit. Ce qui y mettoit le plus de disposition étoit que M. de Lizieux l’avoit

  1. César de Vendôme, fils de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, est mort en 1667. (A. E.)
  2. M. des Noyers : François Sublet, surintendant des finances, mort en 164.