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MÉMOIRES

matière étoit belle, et depuis ses engagemens n’étoit plus problématique. Nous persuadâmes à la fin, ou plutôt nous emportâmes après quatre jours de conflit. Autreville fut renvoyé avec une réponse très-fière ; M. de Guise, qui s’étoit joint avec M. le comte, et qui avoit fort souhaité la rupture, alla à Liège donner ordre à des levées. Saint-Ibal retourna à Bruxelles pour conclure le traité ; Varicarville prit la poste pour Vienne, et je revins à Paris, pour dire aux conjurés les irrésolutions de notre chef. Il y en eut encore depuis quelques nuages, mais légers ; et comme je sus que du côté des Espagnols tout étoit en état, je fis à Sedan mon dernier voyage, pour y prendre mes dernières mesures.

J’y trouvai Metternich, colonel d’un des plus vieux régimens de l’Empire, envoyé par le général Lamboy qui s’avançoit avec une armée fort leste, et presque toute composée de vieilles troupes. Le colonel assura M. le comte qu’il avoit ordre de faire absolument tout ce que M. le comte lui commanderoit ; et même de donner bataille au maréchal de Châtillon[1], qui commandoit les armées de France qui étoient sur la Meuse. Comme toute l’entreprise de Paris dépendoit de ce succès, je fus bien aise de m’éclaircir de ce détail le plus que je pourrois par moi-même. M. le comte trouva bon que j’allasse à Givet avec Metternich. J’y trouvai l’armée belle et en bon état : j’y vis don Miguel de Salamanque, qui me confirma ce que Metternich avoit dit et je revins à Paris avec trente-deux blancs signés de M. le comte. Je rendis compte de

  1. Gaspard de Coligny, troisième du nom, né en 1584, et mort en 1646. (A. E.)