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DU CARDINAL DE RETZ.

et qu’il faisoit même paroître trop d’empressement aux conseils de l’Empire et de l’Espagne. Vous observerez, s’il vous plaît, que ces deux cours, qui lui avoient fait des instances incroyables quand il balançoit, commencèrent à tenir bride en main dès qu’elles le virent résolu, par une fatalité que le flegme naturel au climat d’Espagne attache sous le titre de prudence à la politique de la maison d’Autriche. Et vous pouvez remarquer en même temps que M. le comte, qui avoit témoigné une fermeté inébranlable trois mois durant, changea tout d’un coup de sentiment, dès que les ennemis lui eurent accordé ce qu’il leur avoit demandé. Tel est l’état de l’irrésolution : elle n’a jamais plus d’incertitude que dans la conclusion.

Je fus averti de cette convulsion par un courrier que Varicarville me dépêcha exprès. Je partis la nuit même, et j’arrivai à Sedan une heure après Autreville, négociateur en titre d’office, que M. de Longueville[1], beau-frère de M. le comte, avoit envoyé. Il y portoit des ouvertures d’accommodement plausibles, mais captieuses. Nous nous joignîmes tous pour les combattre. Ceux qui avoient toujours été avec M. le comte représentèrent avec force tout ce qu’il avoit cru et dit depuis qu’il s’étoit résolu à la guerre. Saint-Ibal, qui avoit négocié pour lui à Bruxelles, le pressoit sur ses engagemens, sur ses avances, sur ses instances ; insistoit sur les pas que j’avois faits par son ordre dans Paris ; sur les paroles données à messieurs de Vitry et de Cramail ; sur le secret confié à deux personnes par son commandement, et à quatre autres pour son service et par son aveu. La

  1. Henri d’Orléans, second du nom, mort en 1663. (A. E.)