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DU CARDINAL DE RETZ.

La déclaration de M. le comte nous tira quelque temps après hors de nos tanières, et nous nous réveillâmes au bruit de ses trompettes. Il faut reprendre son histoire d’un peu plus loin.

J’ai remarqué ci-dessus qu’il s’étoit retiré à Sedan par la seule raison de sa sûreté, qu’il ne pouvoit trouver à la cour. Il écrivit au Roi en y arrivant : il l’assura de sa fidélité, et il lui promit de ne rien entreprendre, dans le temps de son séjour en ce lieu, contre son service. Il est certain qu’il lui tint très-fidèlement sa parole que toutes les offres de l’Espagne et de l’Empire ne le touchèrent point, et qu’il rebuta même avec colère les conseils de Saint-Ibal et de Bardouville, qui le vouloient porter au mouvement. Campion[1], qui étoit son domestique, et qu’il avoit laissé à Paris pour y faire les affaires qu’il pouvoit avoir à la cour, me disoit tout ce détail par son ordre ; et je me souviens, entre autres, d’une lettre qu’il lui écrivoit un jour, dans laquelle je lus ces propres paroles : « Les gens que vous connoissez n’oublient rien pour m’obliger à traiter avec les ennemis. Ils m’accusent de foiblesse, parce que je redoute les exemples de Charles de Bourbon et de Robert d’Artois. » Campion avoit ordre de me faire voir cette lettre, et de m’en demander mon sentiment. Je pris la plume au même instant, et j’écrivis, à un petit endroit de la réponse qu’il avoit commencée : Et moi je les accuse de folie. Ce fut le propre jour que je partis pour aller en Italie. Voici la raison de mon sentiment :

M. le comte avoit toute la hardiesse du cœur que

  1. Campion : Alexandre. Son frère a laissé des Mémoires, qui ont été publiés en 1807 par M. le général Grimoard.