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sur le cardinal de retz.

toujours soumise, et des abaissemens honteux. »

Dans les deux historiens, Fiesque tient un conseil où figure Verrina, l’un des ennemis les plus fougueux de la famille des Doria. Mascardi donne à ce factieux le langage qui lui convient, et ne cherche point à couvrir, par des maximes spécieuses, l’horreur de ses conseils. « Jean Doria, lui fait-il dire, tentera cette entreprise contre vous, si vous ne l’exécutez contre lui. Les circonstances ont placé entre vous deux l’empire de la Ligurie : l’un de vous ne peut parti venir à s’en emparer, s’il ne se fraie un chemin sur le cadavre de son rival. La victoire couronnera celui dont les coups seront les plus prompts. La nécessité d’assurer sa vie vous est commune à tous deux : le plus sage sera celui qui, par son activité, préviendra les desseins mal conçus de son ennemi. Si vous n’attaquez, on vous attaquera : tendez des pièges, pour ne pas tomber dans ceux qui sont dressés devant vous : portez les coups, si vous ne voulez pas les recevoir. »

L’abbé de Gondy, dans ce discours, qui est l’un des morceaux les plus remarquables de son ouvrage, commence par faire une allusion odieuse à la situation de la France sous l’administration du cardinal de Richelieu. Verrina parle ainsi à Fiesque :

« Vous êtes né dans des temps qui ne produisent presque aucun exemple de force et de générosité qui n’ait été puni, et qui ne vous en représentent tous les jours de bassesse et de lâcheté qui sont récompensés : ajoutez à cela que vous êtes dans un pays où la puissance des Doria tient le cœur de toute la noblesse abattu par une hon-