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MÉMOIRES

étonné qu’un matin, à six heures, je vis toute ma chambre pleine de gens armés, qui m’éveillèrent en jetant la porte en dedans. Le prévôt de L’Ile s’avança, et il me dit en jurant : « Où est Vanbroc ? — À Sedan, je crois, lui répondis-je. » Il redoubla ses juremens, et il chercha dans la paillasse de tous les lits. Il menaça tous mes gens de la question. Aucun d’eux, à la réserve d’un seul, ne lui en put dire des nouvelles. Ils ne s’avisèrent pas de la soupente, qui, dans la vérité, n’étoit pas reconnoissable ; et ils sortirent très-peu satisfaits. Vous pouvez croire qu’une note de cette nature se pouvoit appeler pour moi, à l’égard de la cour, une nouvelle confusion : en voici une autre. La licence de Sorbonne expira ; il fut question de donner les lieux, c’est-à-dire de déclarer publiquement, au nom de tout le corps, lesquels ont le mieux fait dans leurs actes ; et cette déclaration se fait avec de grandes cérémonies. J’eus la vanité de prétendre le premier lieu, et je ne crus pas le devoir céder à l’abbé de La Mothe-Houdancourt, qui est présentement l’archevêque d’Auch, et sur lequel il est vrai que j’avois eu quelques avantages dans les disputes.

M. le cardinal de Richelieu, qui faisoit l’honneur à cet abbé de le reconnoître pour son parent, envoya en Sorbonne le grand prieur de La Porte, son oncle, pour le recommander. Je me conduisis dans cette occasion mieux qu’il n’appartenoit à mon âge : car aussitôt que je le sus, j’allai trouver M. de Raconis[1], évê-

  1. M. de Raconis : Charles-François d’Abra, prédicateur et aumônier de Louis XIII, se fit connoître par un Traité de philosophie, qu’il publia en 1617. Il partageoit avec Boisrobert la confiance du cardinal de Richelieu, qui, connoissant son extrême facilité, s’amusoit quelquefois