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MÉMOIRES

qui a été depuis évêque de Mâcon, de me mener chez lui.

Voilà la source de ma première disgrâce : car au lieu de répondre à ses avances, et aux instances que M. le grand-maître me fit pour m’obliger à lui aller faire ma cour, je ne les payai toutes que de très-mauvaises excuses. Je fis le malade, j’allai à la campagne ; enfin j’en fis assez pour laisser voir que je ne voulois point m’attacher à M. le cardinal de Richelieu, qui étoit un très-grand homme, mais qui avoit au souverain degré le foible de ne point mépriser les petites choses. Il le témoigna en ma personne : car l’histoire de la Conjuration de Jean-Louis de Fiesque, que j’avois faite à dix-huit ans, ayant échappé en ce temps-là des mains de Lauzières, à qui je l’avois confiée seulement pour la lire, et ayant été portée à M. le cardinal de Richelieu par Boisrobert[1], il dit tout haut, en présence du maréchal d’Estrées et de Senneterre : « Voilà un dangereux esprit. » Le second le dit dès le soir même à mon père, et je me le tins comme dit à moi-même. Je continuai cependant, par ma propre considération, la conduite que je n’avois prise jusque là que par celle de la haine personnelle que madame de Guémené avoit contre M. le cardinal.

Le succès que j’eus dans les actes de Sorbonne me donna du goût pour ce genre de réputation. Je la voulus pousser plus loin, et je m’imaginai que je pourrois

    naturel de Henri IV ; puis évêque de Sarlat et de Mâcon. Il se distingua dans la chaire, et fit l’oraison funèbre de Victor-Amédée, duc de Savoie, où Fléchier a pris l’idée de l’exorde de l’oraison funèbre de Turenne. Lingendes mourut à Mâcon en 1665.

  1. François Metel de Boisrobert, de l’Académie française, mort en 1662. (A. E.)