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l’empêcher d’entrer dans le cœur du duc d’Orléans, et par conséquent impossible de leur refuser à tous ce qu’ils vouloient déterminément. Ayant déjà mis ce prince de leur côté, ils avoient sujet de croire que leurs volontés devoient être des lois immuables ; mais les habiles dissimulations de celui dont ils croyoient devenir les maîtres surmontèrent à la fin la force des plus forts.

Le retour de ce second ministre étant résolu des deux côtés, le premier jour de mars, sur les sept heures du soir, La Vrillière alla de la part du Roi et de la Reine demander les sceaux au chancelier Seguier. Il les rendit, et lui dit qu’il croyoit avoir bien servi le Roi, et s’être dignement acquitté de cette charge depuis dix-sept ans qu’il en étoit possesseur : qu’il savoit bien que la raison d’État, plutôt que son démérite, obligeoit la Reine à cela : c’est pourquoi il la supplioit de croire qu’il les rendoit sans regret, espérant qu’elle lui feroit toujours la grâce de le traiter comme très-fidèle serviteur du Roi et d’elle. Le chancelier, qui savoit l’état des choses, et qui sentoit que son ambition étoit bornée dans la cassette des sceaux, ne douta nullement de la peine que le ministre recevoit de ce changement. C’est pourquoi il les rendit sans témoigner beaucoup de regret, et fit ce que les hommes s’efforcent de faire eu de pareilles occasions, qui est de recevoir avec fermeté les rudes coups du malheur et de l’infortune.

Je vis rapporter les sceaux dans l’oratoire de la Reine, comme elle prioit Dieu. Ils y demeurèrent jusqu’au lendemain, qu’on les porta à Montrouge au garde des sceaux de Châteauneuf. On les lui avoit ôtés