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grands coups d’une manière estimable. Il joua fort bien le premier acte de la comédie ; le reste ne mérite aucune louange. Nulle vertu ne subsiste, si elle n’est fondée sur la piété.

Bouteville [le 23 janvier], avec quelques autres, sous prétexte de l’affaire qui étoit arrivée autrefois au jardin de Renard, firent appeler le duc de Beaufort pour se battre, qui n’en voulut rien faire : non pas manque de cœur, car certainement il étoit brave, il avoit quelque chose de grand dans l’âme ; mais il ne voulut pas s’embarrasser dans ces querelles particulières qui lui avoient donné des affaires. Il crut qu’il valoit mieux vivre pour jouir des fruits des pénibles intrigues où il s’étoit trouvé. Les princes ont souvent affecté d’éviter les combats avec les particuliers, et celui-là suivit volontiers cette maxime. Sur la fin du mois, on eut nouvelle que le vicomte de Turenne avoit déjà pris la qualité de lieutenant général de l’armée du Roi pour la liberté des princes. La Reine ayant depuis congédié les troupes que les princes commandoient, beaucoup de celles-là furent trouver le vicomte de Turenne à Stenay, et se rallièrent, à ce qui fut dit à la Reine, environ jusqu’au nombre de trois mille hommes. On résolut aussitôt d’envoyer le duc de Vendôme avec une armée en Champagne, pour s’opposer à cet ennemi, avec les provisions du gouvernement de Bourgogne, qui étoit au prince de Condé.

La Reine, de son côté, se résolut d’aller en Normandie, pour s’assurer de cette province, de toutes les places qui y sont, qu’elle ne jugea pas devoir laisser sous la domination de madame de Longueville. Le