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tage. La reine d’Angleterre n’étoit point d’avis de cette paix : l’archevêque de Cantorbéry n’en étoit point aussi. Le vice-roi d’Irlande, un de ceux qui avoit le plus de crédit auprès du Roi, fut fort du même sentiment ; mais les belles apparences de la paix eurent tant de pouvoir sur beaucoup de ceux qui étoient bien intentionnés, qu’il ne faut pas s’étonner si ceux qui avoient eu de mauvais desseins dans le cœur les purent cacher sous le masque de la fidélité, et si le conseil de cette paix, approuvé de la multitude, fut reçu du Roi comme une chose avantageuse. Après qu’elle fut faite, chacun en parut content, et quelque temps s’écoula que ce royaume paroissoit en bon état. Ce fut en l’an 1639 que cette guerre s’éleva dans l’Écosse et l’Angleterre, et qu’elle s’apaisa aussitôt par des conseils malicieux qui ont depuis causé de grands maux à cet État.

L’année suivante, les esprits factieux d’Angleterre ayant pris leurs mesures avec les Écossais, ces deux partis si puissans se joignirent à un troisième, qui est une autre secte qu’on appelle anabaptistes, autrement les indifférens, qui souffrent toutes les religions, et qui ne savent quelle est la leur. Quand la contagion du libertinage se glisse parmi les peuples, comme ils ont les premiers abandonné la vérité, il est juste aussi que Dieu les abandonne. La véritable religion n’étant plus dans l’Angleterre, plusieurs sortes d’hérésies y ont été introduites, et chacun y est hérétique à sa mode. Toutes ces factions ensemble en firent une puissante, qui, soutenue par les intrigues de la France, prit de fortes racines et produisit de grands effets. Le premier qui parut fut une nouvelle armée en Écosse,