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sistèrent volontiers : tous ne respirèrent que la guerre ; et le Roi, se mettant à la tête de cette armée, alla travailler au châtiment des rebelles.

Le cardinal de Richelieu, qui gouvernoit en France, haïssoit le roi d’Angleterre, parce qu’il avoit le cœur espagnol. Il savoit aussi que la Reine s’étoit toujours servie de ce royaume pour toutes ses affaires ; que c’étoit par cette voie qu’elle écrivoit au roi d’Espagne son frère, et que madame de Chevreuse, qui avoit passé dans cette cour à son retour d’Espagne quelques années de sa disgrâce, avoit fait leur liaison. Le cardinal de Richelieu avoit de grandes frayeurs d’un roi voisin qui étoit puissant et paisible dans ses États ; et, suivant les maximes d’une politique qui consulte plutôt l’intérêt que la justice et la charité pour le prochain, il crut qu’il étoit tout-à-fait nécessaire pour le bien de la France que ce prince fût troublé dans son pays. Ce désir lui fit envoyer le marquis de Seneterre, ambassadeur du Roi auprès de lui, pour tâcher de lui aliéner les esprits des grands et du peuple, et, en répandant beaucoup d’argent à Londres, y exciter la rébellion et la révolte ; à quoi il réussit. Ces pratiques et les mécontentemens du royaume obligèrent quelques-uns des plus considérables de cette cour de favoriser sous main les Écossais : ils furent conseillés par eux de faire la paix avec leur Roi ; et ils leur firent savoir qu’avec le temps ils avoient dessein d’embrouiller si bien les affaires, qu’ils auroient après toute la satisfaction qu’ils pouvoient désirer ; mais qu’il falloit faire rompre cette belle armée du Roi leur maître, et laisser refroidir la chaleur de ceux de son parti, avant que de pouvoir rien faire à leur avan-