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Angleterre qu’il étoit fait contre les canons, fit demander cette grâce au Pape, qui y trouva si peu de difficulté qu’il envoya la bulle qui portoit la dissolution de son mariage par son légat, mais avec défense de la délivrer qu’à certaines conditions et en certaines manières. La reine Catherine à laquelle on la proposa en étant fort offensée, et l’Empereur y formant de grands obstacles, Henri, impatient de satisfaire sa passion, se résolut de demeurer ferme dans sa religion, et de se soustraire seulement de l’obéissance due au Pape, auquel il y en a qui ont cru qu’il s’étoit soumis à la mort, et qu’il en avoit demandé pardon avec soumission, et des marques d’un véritable repentir. Son fils Édouard, qui mourut jeune, fut dissuadé par ceux qui avoient autorité auprès de lui de suivre les derniers sentimens du Roi son père, et se rendit le chef de la religion d’Angleterre. Il fit donc une liturgie, c’est-à-dire une règle de religion qui approchoit de la nôtre, ordonnant l’invocation des saints, la prière pour les morts, les autels, les cierges ardens, les prêtres, les surplis, les évêques : ce qui faisoit un corps de religion comme la nôtre, ôté l’obéissance au Saint-Siège, et la croyance de la transsubstantiation du Saint-Sacrement. Après sa mort régna Marie, fille aînée d’Henri viii et de Catherine d’Autriche, sa première femme, qui, bonne catholique, renversa la liturgie et rétablit la vraie religion. Elle mit en prison Elisabeth, sa seconde sœur, fille d’Henri viii et d’Anne de Boulen, disant qu’elle étoit bâtarde, qu’elle ne pouvoit succéder ; et balança même si elle la feroit mourir. Philippe ii, roi d’Espagne, mari de Marie, ayant eu la curiosité de voir cette illustre prisonnière,