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et leurs harangueurs, qui demandoient le président de Barillon, ne furent point écoutés à son égard ; mais on leur accorda les autres points, qui n’étoient pas d’un si grand poids. Le parlement, ensuite de cette première émotion, demeura pour quelque temps assez paisible, ruminant les desseins, qui parurent quelques années après, d’empiéter sur l’autorité royale.

Quand la belle saison eut convié les princes de quitter les plaisirs de la cour pour les fatigues de la guerre, la Reine trouva à propos d’aller chercher du frais hors de Paris. Elle voulut passer les grandes chaleurs à Ruel, chez la duchesse d’Aiguillon. Cette maison est commode par le voisinage de Paris, et fort agréable par la beauté des jardins, et par la quantité des sources, qui sont fort, naturelles. La Reine se plut dans ce lieu, où son ennemi le cardinal de Richelieu avoit si long-temps reçu les adorations de toute la France. Ce ne fut pas néanmoins par ce motif qu’elle le choisit : elle avoit l’ame trop belle pour vouloir troubler le repos des morts par un si petit triomphe[1]. Ce fut au contraire pour obliger la duchesse d’Aiguillon sa nièce, et lui donner quelques marques de sa protection royale contre M. le prince, avec qui elle avoit de grands différends à démêler ; et il est à présumer que la Reine, agissant par générosité, eut néanmoins quelque joie de se voir en état de faire du bien, par sa seule présence, à ceux qu’elle croyoit lui avoir fait tant de maux. Elle se divertissoit à se promener les soirs ; et, pendant le temps qu’elle fut dans ce lieu délicieux, elle faisoit chanter souvent

  1. Par un si petit triomphe. Ici finit le manuscrit de la bihliohèque de l’Arsenal.