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contrariétés que les Espagnols appellent altos y baxos ; car tantôt elle pestoit comme les autres, tantôt elle le recherchent avec de grandes soumissions, et se louoit de la moindre douceur qu’il lui disoit ; et comme ces mouvemens d’amitié et de haine pour et contre lui étoient alternatifs, les bonnes ou les mauvaises paroles qu’elle tiroit de lui étoient différentes, et l’on ne pouvoit dire si elle étoit bien ou mal à la cour, où elle demeuroit sans aucun crédit.

Au commencement de la régence, la Reine avoit établi un conseil de conscience où se jugeoient toutes les affaires qui concernoient les bénéfices qu’elle vouloit donner à des gens de bien. Ce conseil subsista tant que le ministre, voyant son autorité traversée, demeura dans quelque retenue ; mais aussitôt qu’elle fut tout-à-fait affermie, il voulut disposer à son gré et sans aucune contradiction des bénéfices, comme de tout le reste : ou que ceux à qui la Reine les donneroit fussent de ses amis, sans trop se soucier qu’ils fussent bons serviteurs de Dieu, disant qu’il croyoit qu’ils l’étoient tous. Ce conseil ne servit donc qu’à exclure ceux qu’elle ne vouloit pas favoriser ; et quelques années après il fut entièrement aboli, à cause que le père Vincent[1], qui en étoit le chef, étant un homme tout d’une pièce qui n’avoit jamais songé à gagner les bonnes grâces des gens de la cour dont il ne connoissoit pas les manières, fut aisément tourné en ridicule, parce qu’il étoit presque impossible que l’humilité, la pénitence et la simplicité évangélique s’accordassent avec l’ambition, la vanité et l’intérêt qui y régnent. Celle qui l’avoit établi auroit fort sou-

  1. Le père Vincent : Saint Vincent de Paul.