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soutenans de madame de Montbazon, et le comte de Coligny[1]. C’étoit une suite de la lettre qui fut trouvée chez cette duchesse, qu’on avoit faussement attribuée à Coligny, et qu’on avoit voulu dédier à madame de Longueville. Le duc de Guise, brave comme ses aïeux, eut de l’avantage sur le martyr de madame de Longueville : il lui donna un grand coup d’épée dans le bras. Il mourut de sa blessure quelque temps après, affligé de son malheur qui lui fut sensible. L’Estrade lui servit de second ; il étoit son parent : et désirant sa conservation, il lui dit, quand il le pria d’aller appeler le duc de Guise, que si ce prince, qui n’avoit nulle part à la raillerie de chez madame de Montbazon, l’en assuroit encore, qu’il croyoit qu’il devoit en demeurer satisfait. Mais Coligny, sur ce conseil, lui répondit : « Il n’est pas question de cela ; je me suis engagé à madame de Longueville de me battre contre lui à la place Royale, je n’y puis manquer. » Bridieu servoit le duc de Guise, et L’Estrade eut de l’avantage sur lui ; et après l’avoir blessé et mis hors de combat, il alla pour secourir son ami, qu’il trouva en mauvais état. Ce seigneur, à qui il offrit de recommencer le combat quoiqu’il fût blessé, lui demanda son amitié, et voyant qu’il perdoit beaucoup de sang, ne voulut point par grandeur d’ame accepter sa proposition. Madame de Longueville, à ce qu’on a cru, étoit chez la vieille duchesse de Rohan, qui les vit battre, cachée à une fenêtre ; mais elle eut peu de satisfaction de sa curiosité. On fit cette chanson sur ce combat :

Essuyez vos beaux yeux,
Madame de Longueville,

  1. Coligny : Maurice, comte de Coligny.