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sa sœur au Louvre, pour se jeter aux pieds de la Reine pour lui demander sa grâce. Mais elle étoit enfermée, et leurs larmes ne furent point vues ; et leurs cris ne furent entendus que de peu de personnes, qui furent les consoler. Je fus de ce nombre, et nous leur dîmes qu’elles ne la pouvoient pas voir ; que ses résolutions ne pouvoient se changer, et qu’elles feroient mieux pour le présent de se soumettre à la volonté de Dieu. La duchesse de Vendôme, qui étoit une sainte et la mère des pauvres, ne manqua pas de prendre ce parti. Barrière, serviteur de la Reine, devoit être arrêté ce même jour. Cette princesse s’étoit autrefois servie de lui pour des commissions où il falloit du secret et de la résolution ; et quand elle avoit appréhendé qu’on lui ôtât ses enfans, c’étoit lui qu’elle avoit envoyé trouver le grand écuyer, pour le prier de travailler à détourner le Roi de cette pensée. Mais Barrière ayant trouvé ce favori peu assuré de la bonne volonté de son maître, il n’avoit pas été en état de lui rendre ce service, et, craignant de s’embarrasser dans le malheur qui lui arriva peu de temps après, il n’avoit songé qu’à se sauver. Elle étoit prête à le récompenser, lorsque le cardinal Mazarin, craignant la liaison que ceux qui étoient attachés à elle avoient avec le duc de Beaufort, eut dessein de l’envelopper dans sa disgrâce. Il en fut averti par la marquise de Hautefort ; et au lieu d’en aller parler le lendemain à la Reine, il alla d’abord, suivant son conseil, trouver son ministre, qui le reçut si bien qu’il lui dit que, le croyant homme d’honneur, il vouloit bien se fier à sa parole ; et l’on sut en effet qu’il avoit envoyé prier la Reine de ne rien faire contre Barrière qu’il