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tions contre les princes du sang, quoique ses soupçons fussent mal fondés. Sa cabale pour lors étoit celle de MM. de Vendôme, auxquels la disgrâce avoit donné du lustre et des amis. Le père avoit beaucoup d’esprit[1], et c’étoit tout le bien qu’on en disoit. Pour les deux princes ses enfans, ils n’en avoient pas tant que lui ; mais ils étoient tous deux bien plus estimés par la profession qu’ils faisoient l’un et l’autre d’être fort hommes d’honneur, quoique d’une manière fort différente : le duc de Mercœur ayant une douceur naturelle, qui faisoit croire qu’il avoit pour tout le monde quelque bonté —, et le duc de Beaufort ayant une mine plus haute, ou pour mieux dire plus fière, qui faisoit imaginer qu’il avoit quelque chose de grand dans l’ame, quoiqu’au fond il y eût bien autant d’ostentation que de générosité —, car il n’eut aucune éminente qualité capable de le soutenir dans un premier degré de faveur. L’évêque de Beauvais[2], grand aumônier de la Reine, étoit à elle depuis longtemps, et la place qu’il tenoit dans sa confiance le faisoit regarder comme celui qui, étant ami de MM. de Vendôme, devoit gouverner pendant la régence. Il avoit de la piété, et la Reine paroissoit l’estimer et le considérer. Cette grande cabale étoit composée de tous ceux qui, étant mal contens du règne précédent, désiroient de se venger des maux que le cardinal de Richelieu leur avoit faits, sur ce qui restoit de ses parens et de ses amis, et ne doutoient pas que la Reine, qui en avoit souffert autant et plus qu’eux,

  1. Le père avoit beaucoup d’esprit. Le manuscrit porte : « Le père étoit fin homme d’esprit sans réputation, sans bonté et sans fidélité. »
  2. L’évêque de Beauvais : Auguste Potier. Il mourut en 1650.