Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cause de ce petit bannissement, ne put consentir à fuir devant son ennemie, et fut si peu habile qu’elle refusa cette complaisance à celle à qui elle en devoit de plus grandes. La Reine se sentit offensée de cette résistance : elle ne voulut pas laisser aller madame la princesse, et, refusant la collation et la promenade, revint au Louvre fort irritée contre le peu de respect que madame de Montbazon avoit eu pour elle. Comme les rois sont pour l’ordinaire fort au-dessus de ceux qui les offensent, il leur est facile de s’en venger. Le lendemain la Reine lui envoya commander de s’absenter de la cour, et de s’en aller à l’une de ses maisons. Elle le fit aussitôt, au grand regret de ses amis, et même du duc d’Orléans, qui l’ayant aimée autrefois s’en souvenoit encore. Il ne put néanmoins y apporter aucun remède, parce que la Reine étoit en colère. Elle en avoit sujet, et son ministre trouvoit à propos qu’elle le fût plus encore pour ses intérêts que pour avoir manqué d’obéissance.

Cette disgrâce fut aussitôt suivie de celle du duc de Beaufort et de toute la troupe des importans. L’engagement qu’il avoit avec cette dame exilée ; la douleur qu’il avoit de voir qu’une autre lui venoit d’enlever sa faveur ; la haine que M. le prince, madame la princesse et madame de Longueville avoient contre cette cabale[1], et surtout la nécessité où se trouvoit le cardinal Mazarin de le perdre, firent enfin sa disgrâce, et composèrent le malheur de sa vie.

Le duc de Beaufort fut accusé d’avoir voulu faire

  1. Contre cette cabale. Le manuscrit ajoute : « Et que l’abbé de La Rivière lui portoit par l’opposition de leurs intérêts, car ils prétendotent à la faveur du duc d’Orléans. »