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fut écrite dans un petit billet qui fut attaché à son éventail, pour la dire mot à mot à madame la princesse. Elle le fit de la manière du monde la plus fière et la plus haute, faisant une mine qui sembloit dire : Je me moque de ce que je dis.

Madame la princesse, après cette satisfaction, supplia la Reine de lui permettre de ne se point trouver en lieu où seroit la duchesse de Montbazon : ce que la Reine lui accorda facilement. Elle voulut lui faire ce plaisir, et crut que la chose n’étoit pas de grande conséquence, quoique difficile à exécuter. Il arriva quelques jours après que madame de Chevreuse s’engagea de donner une collation à la Reine dans le jardin de Regnard, au bout des Tuileries. La Reine y voulut mener madame la princesse : elle l’assura que madame de Montbazon n’y seroit pas, parce qu’elle savoit qu’elle avoit pris médecine ce jour-là. Sur cette certitude, elle se hasarda de la suivre ; mais quand la Reine arriva dans ce jardin, on lui dit que la duchesse de Montbazon y étoit, et qu’elle prétendoit faire l’honneur de la collation, comme belle-mère de celle qui la donnoit. La Reine en demeura surprise ; car elle avoit promis à madame la princesse sûreté là-dessus, et fut embarrassée de cette mauvaise rencontre. Madame la princesse fit semblant de vouloir s’en aller et de ne pas vouloir troubler la fête ; mais la Reine la retint, et lui dit qu’elle étoit obligée d’y remédier, puisque c’étoit sur sa parole qu’elle s’étoit résolue d’y venir. Pour le faire sans bruit, elle envoya prier madame de Montbazon de faire semblant de se trouver mal et de s’en aller, afin de la tirer par là de la peine où elle étoit. Cette dame, sachant la