Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut bien reçue de sa maîtresse, et par conséquent regardée et recherchée de tout le beau monde. Madame de Brassac[1], qui avoit été mise dans sa charge de dame d’honneur par le feu cardinal de Richelieu, en fut éloignée —, mais ce fut quasi malgré la Reine, qui avoit de l’estime pour elle, et à qui son procédé avoit infiniment plu. C’étoit une dame de grand mérite, savante, modeste et vertueuse. Avec ces qualités, elle étoit la plus humble des femmes. La Reine, qui vouloit chasser madame de Lansac[2], gouvernante du Roi, l’antipode de madame de Brassac, et qui destinoit sa place à madame de Senecé, eût bien désiré qu’elle se fût contentée de cet illustre emploi ; mais elle, qui croyoit que la Reine ne pouvoit jamais lui faire autant de bien qu’elle le méritoit, qui étoit depuis long-temps à la cour, et qui espéroit tenir une grande place, voulut ravoir celle de dame d’honneur. Elle répondit à la Reine, qui lui fit faire la proposition de se contenter de celle de gouvernante du Roi, qu’elle désiroit rentrer dans sa charge ; et que pour celle de madame de Lansac, qu’elle l’accepteroit volontiers, si la Reine vouloit lui faire cet honneur. Elle remplit toutes les deux, parce qu’elle ne voulut pas se contenter de n’en avoir qu’une, ni même de la partager : ce que la Reine auroit souhaité de pouvoir faire avec son agrément. Madame de Lansac fut donc chassée, comme une personne qui avoit vécu avec la Reine d’une manière qui lui avoit déplu ; et madame de Brassac en fut éloignée de sa part avec douceur,

  1. Madame de Brassac : Catherine de Sainte-Maure, femme de Jean Galard de Béarn, comte de Brassac.
  2. Madame de Lansac : Françoise de Souvré, femme d’Artus de Saint-Gelais de Lansac.