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mémoire de ce prince, qui, mourant dans les souffrances et quittant ce monde avec joie, parut avoir quelques lumières de l’avenir.

Cette victoire, remportée dans le commencement de la régence de la Reine, fut un bon augure du bonheur qu’elle devoit avoir dans la suite, et, la faisant craindre au dehors, la mettoit en état de disposer au dedans de toutes choses. La disgrâce de Chavigny fut celle dont elle reçut le plus de plaisir ; car outre qu’elle y étoit poussée par toute la cabale contraire au cardinal de Richelieu, je lui ai ouï dire qu’elle l’avoit cru auteur du testament du feu Roi, afin de se donner par là une part tout entière à la régence, en se faisant nommer dans la déclaration. Chavigny, voulant se justifier de ce reproche, m’a dit depuis (et je doute qu’il m’ait dit la vérité) qu’il avoit voulu servir la Reine auprès du Roi, et faire qu’elle demeurât plus absolue, et qu’il s’étoit même opposé à l’honneur que le Roi lui avoit voulu faire en son particulier : mais que le Roi lui avoit toujours dit qu’il vouloit brider la Reine ; et, d’autre côté, j’ai vu la Reine se moquer de Chavigny, qui, pendant qu’il traitoit cette affaire, lui venoit dire avec empressement qu’elle prît garde à ce qu’elle promettoit d’observer, puisque cette déclaration devoit être irrévocable, et aussi difficile à détruire que la loi salique ; car elle espéroit dès lors qu’elle rendroit, quand il lui plairoit, toutes ses peines inutiles, et qu’elle la feroit casser aussitôt qu’elle témoigneroit le désirer.

Le cardinal Mazarin, dont la puissance commençoit à s’établir, devoit travailler à sauver Chavigny, comme il l’avoit promis à ses amis, à cause des obligations qu’il