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la société, honnête, douce et facile ; vivant avec ceux qui avoient l’honneur de l’approcher sans nulle façon. Son tempérament étoit tourné du côté de la gaieté ; et parmi les larmes, s’il arrivoit de dire quelque chose de plaisant, elle les arrêtoit en quelque façon pour divertir la compagnie. La douleur quasi continuelle qui lui donnoit alors beaucoup de sérieux et de mépris pour la vie la rendoit à mon gré plus solide, plus sérieuse et plus estimable qu’elle ne l’auroit peut-être été si elle avoit toujours eu du bonheur. Elle étoit naturellement libérale ; et ceux qui l’avoient vue dans sa prospérité nous assuroient qu’elle avoit épuisé des trésors à faire du bien à ceux qu’elle aimoit. Son favori, qui selon le dire du public avoit quelque part aux malheurs d’Angleterre, étoit assez honnête homme et d’un esprit doux, mais qui parut fort borné, et plus propre aux petites choses qu’aux grandes. Il avoit pour elle cette fidélité qu’ont d’ordinaire tous les ministres : il vouloit avoir de l’argent, préférablement à tout le monde, pour subvenir à sa dépense qui en tout temps a été grande. Cette princesse avoit sans doute trop de confiance en lui, mais il est vrai qu’il ne la gouvernoit pas absolument ; elle avoit souvent une volonté contraire à la sienne, qu’elle défendoit en maîtresse absolue : ce qu’elle faisoit avec sensibilité à l’égard de tous ; car de son naturel elle étoit un peu dépitée, et elle avoit de la vivacité. Elle soutenoit ses sentimens avec de fortes raisons ; mais elles étoient accompagnées d’une beauté, d’une raillerie qui pouvoient plaire, et corriger tout ensemble les marques de hauteur et de courage qu’elle a données dans les actions principales de sa vie. Elle