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la tenoient séparée de lui à cause de leur jeunesse. Les ennemis du Roi ne furent pas fâchés de cette absence : ils crurent peut-être qu’ils disposeroient du Roi plus aisément quand la Reine n’y seroit pas, et ils favorisèrent ce dessein autant qu’il leur fut possible. Elle, de soncôté, vouloit aller en Hollande, pour pouvoir envoyer du secours au Roi son mari, et faire toutes les généreuses actions qu’elle a faites depuis.

Le Roi fit semblant de conduire la Reine jusqu’à Douvres, parce que c’est le chemin de Hull, et montra n’avoir autre dessein que celui de la chasse et du plaisir. Il fit partir tous ses équipages de chasse ; il se divertit plus en apparence qu’en effet. Il étoit touché d’une vive douleur de se voir en l’état où il étoit, gourmandé par ses propres sujets, et contraint de se séparer de sa femme qu’il aimoit chèrement, sans savoir ce qui arriveroit de leur destinée. La Reine s’embarqua à Douvres, et le Roi, pour la voir plus long-temps, côtoya plus de quatre lieues. Pendant qu’il chassoit et qu’il s’amusoit avec la Reine, il envoya le duc d’Yorck devant à Hull, pour en prendre possession. Le duc d’Yorck y fut reçu par le gouverneur, quoiqu’il y eût été mis à la prière du parlement depuis que le Roi n’agissoit plus de lui-même. Ce prince suivit le duc d’Yorck de fort près ; et néanmoins son malheur fut tel qu’entre le père et le fils il arriva au gouverneur une lettre par laquelle on l’avertissoit que le Roi avoit dessein d’aller à Hull, pour le faire arrêter et prendre sa place, et qu’il se donnât de garde de lui ouvrir les portes. Cet homme, effrayé de cet avis, ferma la porte au Roi à son arrivée, et retint le duc d’Yorck en son pouvoir. La