Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grâce aussitôt après sa condamnation, ils n’auroient peut-être pas la hardiesse de le faire mourir. Il prit néanmoins la résolution de s’exposer à tous les événemens que pouvoit produire la rage de ses méchans juges, et se résolut à la mort comme un homme sage et courageux, qui savoit connoître l’état où il étoit. Le Roi donc, pressé de tant de malheurs, se laissa vaincre à sa mauvaise fortune qui le forçoit à travailler lui-même à sa ruine, puisqu’en signant l’arrêt de son ministre il signa aussi celui qui peu de temps après fut prononcé contre lui.

Aussitôt que ces barbares révoltés eurent le consentement du roi d’Angleterre, sans écouter ni grâce ni commandement contraire, ils le firent mourir dans la place de la Tour de Londres : et, l’exposant au public, ils firent voir la beauté de son esprit et son admirable fermeté. Il parla fortement à ses ennemis ; et, malgré leur barbarie, il les força de le regretter, et d’avouer sans doute, mais tacitement, qu’ils faisoient une injustice. Le Roi souffrit beaucoup de douleur, la Reine jeta beaucoup de larmes ; et ils sentirent tous deux que cette mort leur feroit perdre quelque jour à l’un la vie, à l’autre le repos.

Après cette résolution, le Roi résolut d’aller tenir les États, parce qu’eux-mêmes le souhaitoient, et crut avec raison que sa présence remettroit les esprits de ce royaume dans une meilleure disposition, il partit au mois de mai ou de juin, et laissa la Reine à Londres, qui partit aussitôt pour aller à Otland, une de leurs maisons, et mena ses enfans avec elle. Les parlementaires, quelque temps après, voulurent