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chacun un compétiteur en leur personne. Hailmot alla parler au Roi de cette affaire en même temps que Gorrein en parla à la Reine pour le faire savoir au Roi ; et Leurs Majestés se trouvèrent en même temps par leur confidence commune dans la joie et dans l’inquiétude tout ensemble. La Reine ayant dit au Roi le dessein de Gorrein, le Roi lui ayant confié celui de Hailmot, ils jugèrent aussitôt que l’ambition égale de ces deux hommes rendroit un d’eux leur ennemi par la préférence de l’autre ; et qu’ainsi leur aventure seroit sue des parlementaires avant qu’ils se pussent servir des bonnes volontés de l’armée. Pour remédier à ce malheur, ils conclurent qu’il falloit travailler à les accorder, donnant à quelqu’un d’eux le commandement des troupes, et à l’autre quelque chose de si grand qu’il pût être content. Le Roi proposa à la Reine d’envoyer milord Germain, son premier écuyer, négocier cet accommodement avec eux, comme étant ami commun de tous les deux, d’un esprit doux et capable par ses avis de mettre la paix où elle ne pouvoit plus être lorsqu’ils seroient avertis de l’état où ils étoient. La Reine ayant de nouveau pensé au péril que couroit milord Germain de se mêler de cet accommodement, l’appela dans son cabinet ; et après lui avoir appris le dessein du Roi, elle lui dit aussi son inquiétude, et la peur qu’elle avoit que le parlement venant à savoir cette intrigue ne chassât et lui et les plus confidens, et que le Roi et elle ne demeurassent sans avoir personne à qui pouvoir se confier. La conclusion de cet entretien fut de lui défendre de s’en mêler, et qu’elle le feroit trouver bon au Roi. Le Roi entrant en ce même temps en son cabinet, qui