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leur offroit toutes choses ; mais ce fut inutilement.

Leurs Majestés alloient entendre interroger leur fidèle sujet par une petite tribune qui donnoit sur la salle où se tenoit le parlement, afin que leur présence donnât du courage à leur serviteur de bien faire ; et jamais ils n’en revenoient que le cœur saisi de douleur et leurs yeux pleins de larmes. La Reine avoit gagné milord Damby, l’un des plus passionnés des parlementaires, et de ceux qui s’étoient déclarés le plus contre Strafford. Aussitôt qu’il se fut engagé au service du Roi son maître, il passa d’une extrémité à l’autre, et fit en faveur du prisonnier une harangue si belle qu’elle auroit été capable de le justifier tout-à-fait, si les oreilles qui l’écoutoient eussent pu entendre la raison, et que leurs cœurs eussent pu aimer la justice. Dans ce même temps, le parlement conseilla au Roi de faire la paix avec les Écossais ; et comme l’argent qu’il avoit ordonné pour payer l’armée du Roi qui favorisoit le parlement ne se trouvoit pas assez vite, les soldats se plaignirent et crièrent même contre le parlement, quoiqu’ils parussent lui être plus attachés qu’au Roi. Il y avoit alors dans l’armée deux serviteurs de ce prince, Gorrein et Hailmot, qui prirent cette conjoncture pour l’engager à son service, et lui amener les troupes sujettes à ses volontés. Ces deux hommes ayant vu Strafford en prison, et croyant qu’il n’échapperoit point des mains des parlementaires, s’étoient tous deux mis dans la tête le désir de commander l’armée en chef. Chacun avoit eu ce dessein sans en faire part à son compagnon ; et l’un et l’autre avoient gagné quelques principaux officiers, sans qu’ils eussent aperçu l’un par l’autre qu’ils avoient